Equipements publics

Groupe Scolaire Léon Jouhaux

Extension et réhabilitation du Groupe Scolaire Léon Jouhaux.

Ceinturé par les rues des Rancy et Leon Jouhaux, le groupe scolaire éponyme occupe le territoire par une frontière en pierre massive en simple rez-de-chaussée qui met à distance des rues le corps principal du bâtiment existant qui culmine à R+4.

La décision de construire une extension en R+2 avec cour en R+3 contribue très fortement à changer l’identité actuelle du bâtiment et à lui donner une nouvelle valeur urbaine en lien fort avec la Place des Martyrs de la Résistance.

L’incidence urbaine liée à l’ampleur de l’ouvrage nous a conduit à réfléchir très tôt sur la plastique de la forme et sur la matérialité des façades, avec comme vision première la notion de légèreté et de porosité des volumes assis sur un rez-de-chaussée massif. C’est un concept que nous avons décidé de tenir sans y déroger.

Nous avons évalué le positionnement possible des grands ensembles gymnase et salle d’évolution pour une recherche d’équilibre dans la répartition des masses.

Si notre première solution s’est orientée vers une stratification salle d’évolution et gymnase au-dessus sur rue Léon Jouhaux comme souhaité dans l’organigramme schématique, nous avons rapidement opté pour une répartition différente avec le glissement de la salle d’évolution côté rue des Rancy pour répartir les grands pans vitrés d’une façade à l’autre et s’assurer d’une lecture urbaine forte de chacune d’elles afin de tenir un équilibre des pleins/vides. Le deuxième enjeu est la question du traitement de l’angle et du raccord entre les deux masses perpendiculaires.

Notre objectif premier est d’afficher une indépendance assumée entre le rez-de-chaussée et les étages. Le pan coupé où se situe l’entrée principale de la maternelle ouvre sur un interstice vide qualifié de courette. Les deux grands volumes neufs sont interdépendants. Ils sont une figure orthonormée offrant à chacun d’entre eux une vraie façade qui donne sur l’angle des deux rues structurant le vide vertical à l’aplomb de la courette d’entrée. Par ce principe, nous ne donnons pas de direction prépondérante à un volume par rapport à l’autre.

La différence de hauteur liée à la grande hauteur du gymnase renforce cette idée de mise en retrait et nous permet d’éclairer généreusement la liaison verticale et d’autre part une des salles d’activité. Il y a un effet de scénarisation de l’angle qui structure l’ensemble du projet en créant une focale forte sur le vide angulaire et évite au regard de glisser sur un angle plein en se posant sur cet événement.

Le troisième enjeu est de préserver le médaillon et le rendre toujours visible. Là aussi nous prenons le parti de faire une vraie césure ouverte au-dessus du R+1 pour dégager totalement le médaillon de notre emprise bâtie. Il n’y a pas de raccord entre notre projet et la façade du bâtiment existant en le laissant libre de tout contact. Ce détachement formel de l’existant est bénéfique pour notre projet en évitant les phénomènes de remplissage et accentue son effet aérien. Le dégagement obtenu au R+2 permet d’offrir un espace extérieur au centre de loisirs. On aperçoit une passerelle suspendue et légère qui relie la cour haute à son préau en R+ 3.

Sur le plan conceptuel, la genèse de notre concept s’appuie sur la recherche d’une légèreté propre à la pose d’une masse poreuse liée au socle. Comme si cette extension est un volume émergent du sol qui vient se caler sur la face interne du mur pierre du RDC. Les variations des hauteurs sont là aussi pour casser la longueur du bâtiment et plutôt renforcer l’effet d’émergence de hauteurs variables.

Nous avons porté notre choix sur une vêture métallique lumineuse qui « emballe » le projet comme un voilage plissé et ondule avec discrétion. Ce plissage est parfois opaque, parfois micro-perforé jouant un rôle d’un tamis à lumière qui difracte à souhait le rayon lumineux qui s’éparpille sur le sol comme une poignée de grain de riz jeté à la volée.

Tel un moucharabieh qui donne à voir sans être vu, cela crée une sensation très ambivalente sur la perception du dedans/dehors de notre projet. On peut avoir le sentiment de scruter cette masse pour chercher à voir ce qu’il se passe à l’intérieur tout en étant mis à distance. Le voile poreux occupe généreusement les grands vitrages du gymnase et de la salle polyvalente.

Il devient opaque ou reste microporeux pour les parois pleines créant des effets de moirage quand le soleil envahit la façade. Côté gymnase nous créons une oriel qui, par un léger encorbellement limité à 80 cm ouvre la façade comme une ouïe. C’est une zone extérieure qui laisse un libre accès pour le nettoyage de la face extérieure des vitres. Les effets de calepinage du voile métallique opaque ou poreux procure une vibration du volume avec la lumière qui pixellise les façades, et selon les heures de la journée les effets sont changeants, multipliant les perceptions qu’on peut avoir du projet. Cette sensation s’oppose à la perception statique du soubassement existant en pierre.

Côté cour la volumétrie est très différente. Nous profitons de la sur-largeur du gymnase positionné en encorbellement sur poteaux pour avoir un préau maternelle côté cour et une cour haute pour les classes en R+1. La façade Sud est traitée avec des lames de brise soleil métalliques horizontales et fixes qui passent devant la circulation longeant la salle d’évolution au R+1 et le centre de loisirs au R+2.

Si on évoque le bâtiment existant, nous intégrons une seule modification extérieure en créant un préau translucide pour l’école élémentaire au droit du préau existant sous le bâtiment. A l’extérieur du bâtiment, nous créons sur la place publique la cour de 1000 m² avec un préau. C’est un espace clos et sécurisé qui permet aux enfants de classes élémentaires qui viennent des étages de rejoindre directement la cour par l’accès situé en façade Nord. Nous utilisons la même matière métallique couleur champagne pour capoter entièrement le préau et nous exprimons une clôture plutôt transparente.

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